Le « plan de travail »

Dans les classes Freinet, le travail est individualisé et on fonctionne souvent avec des « plans de travail », avec des « temps de plan de travail » inscrits à l’emploi du temps… Mais de quoi s’agit-il ? Voici quelques réflexions sur le sujet, issues d’un atelier en avril 2023.

Ce qu’est le « plan de travail »

Il existe plusieurs acceptions du « plan de travail » : un même travail pour tout le monde mis sur un document appelé « plan de travail » et que les enfants peuvent faire dans l’ordre qu’ils veulent ; un travail individualisé choisi par l’enseignant ; ou un plan que les élèves remplissent au fur et à mesure avec ce qu’iels souhaitent faire.
Chaque élève peut se voir attribuer un degré d’autonomie différent selon ses capacités du moment.

Comment mettre en oeuvre le plan de travail ?

Dans la classe de Fabien, le PDT dure deux semaines, avec une heure de travail minimum par jour, et un bilan par l’enseignant chaque fin de quinzaine. Dans la classe de Judith, le PDT a une durée variable, il est considéré comme terminé quand l’élève a fait un travail dans chaque domaine (littérature, poésie, textes, maths, français, histoire-géo et sciences, exposés). Le bilan s’effectue à des moments différents pour chaque enfant, ce qui permet de ne pas créer une surcharge de travail pour l’enseignante.

Le PDT s’appuie sur beaucoup de matériel : fichiers PIDAPI maths, français, histoire, géo, sciences, fichiers PEMF, fichiers Odilon, etc. Il est aussi possible de faire des PDT sans ces fiches d’autonomie, en choisissant par exemple des exercices dans des manuels. Les élèves ont une liste d’activités à choisir pour remplir le PDT. C’est ce qui différencie les pédagogies actives et coopératives des pédagogies conventionnelles : l’élève a à sa disposition le savoir et va piocher dedans au gré de ses envies, désirs et selon son rythme… Ce n’est pas l’enseignant qui délivre le savoir selon son rythme à lui.
Voir à ce sujet le livre Apprendre avec les pédagogies coopératives, de Sylvain Connac.

L’heure de travail individualisé (aussi appelée « plan de travail ») implique beaucoup de sollicitations pour l’enseignant·e. Comment faire pour concilier les différentes sollicitations, éviter la queue au bureau de l’enseignant·e ? Par exemple pour PIDAPI : l’affichage des gommettes de couleur correspondant aux ceintures obtenues dans les différents domaines permet aux élèves de demander de l’aide à d’autres élèves qui ont déjà eu la ceinture visée.
Certain·es enseignant·es mettent en place un « passeport » au nom de chaque enfant pour éviter la queue au bureau : l’enfant dépose son passeport sur le bureau de l’adulte, qui viendra quand iel sera disponible. En attendant l’enfant doit faire un autre travail pour ne pas resté bloqué. Le passeport sert également à demander de l’aide à un autre élève, ou à indiquer quand l’élève quitte la classe (le passeport est alors mis dans une poche spéciale). Il sert aussi pour demander la correction d’un travail.

Comment gérer le problème du bruit dans la classe ?
Les travaux de groupe (exposé ou texte libre à plusieurs) génèrent du bruit, parfois des stratégies d’évitement du travail. Certains enseignants préfèrent une séparation du travail individualisé d’une part, et du temps d’atelier (« production ») d’autre part, où le travail de groupe est permis.
Le PDT n’empêche pas des séances collectives pour aborder de nouvelles notions, avec une alternance des activités collectives et individuelles.
Certain·es utilisent des casques anti-bruits à disposition dans les classes.
On rappelle aussi l’importance que la maitresse soit au même niveau sonore que celui demandé aux élèves. Si nous demandons aux élèves de chuchoter, nous devons le faire nous-mêmes !

Sur l’utilisation de la monnaie de classe

Même s’il existe des PDT sans rémunération, le PDT est souvent utilisé avec la monnaie de classe, qui est une institution venant de la pédagogie institutionnelle, variante de la pédagogie Freinet. C’est un sujet clivant au sein du mouvement Freinet.
A quoi sert la monnaie de classe ? La monnaie de classe sert à payer des amendes (gênes, bavardages, matériel cassé ou abîmé…) et payer des choses au marché intérieur (échanges d’objets entre élèves), c’est un tiers symbolique. La monnaie permet de compter (addition, soustraction, fractions, fractions décimales, apprendre à rendre la monnaie…). La monnaie crée de la motivation chez certains enfants qui en manquent et ne travaillent pas spontanément. Car si tout le monde aime apprendre, tout le monde n’aime pas forcément faire tous les travaux, ni terminer / soigner un travail…

La paie du PDT permet de casser le rapport émotionnel entre enseignant et élève (sanction et récompense vient du système de la gêne). La monnaie de classe évite de se mettre en difficulté dans la relation positive ou négative entre enfant et adulte
D’ailleurs, le travail désintéressé existe t-il ? Les élèves ne travaillent-ils pas d’habitude pour faire plaisir à l’enseignant, à leur parent, pour avoir une bonne note, pour gagner des (bons) points ?
La monnaie est utile pour certains enfants qui ont besoin d’un coup de pouce pour se mettre au travail, ainsi que pour sanctionner les élèves gêneurs. La monnaie permet une sanction éducative = sanctionner sans punir.
Souvent, les premiers plans de travail de l’année ne sont pas payés, le temps de choisir le nom de la monnaie, expliquer etc.
La valorisation peut passer par d’autres choses que par la monnaie.
Les élèves gagnent de la monnaie par leur travail et leur « métier » dans la classe. Tous les niveaux et tous les métiers sont payés de la même façon, sauf certains choses comme la poésie (gradation selon le niveau). La monnaie peut être comparé à la note.
Certains élèves ayant une haute ceinture en comportement et en calcul peuvent être banquiers.

Sur les recherches menées par les élèves

Les recherches pour les exposés se font sur des ordinateurs mais les élèves doivent apprendre à chercher autrement qu’en tapant un mot-clé dans un moteur de recherche.

Pour éviter d’aller sur internet :

  • bibliothèque de travail (BTJ), petits fascicules créés par des classes coopératives sur tous les sujets ;
  • encyclopédie à l’ancienne ;
  • bouquins de sciences, histoire, géo, etc. ;
  • documentaires ;
  • prêt bibliothèque.